dimanche 30 septembre 2007

Mot à mot


Mot à mot, pas à pas, jour après jour... ce blog devient taiseux.
La page pâlit, se fait blanche, les mots rares.
Ce n'est pas que je boude les mots, pourtant ! Plus que jamais leur sève me nourrit, leur présence me vivifie : les mots des autres, écrits ou chantés.
Parfois ils vous disent, nous parlent et nous comblent si bien... qu'il n'y a rien à ajouter. Juste à écouter, à les goûter. Alors je me tais.
Mais ce silence-là n'est pas vide : il est chaud et rond, juteux et goûteux, plein et délié.
Comme... (peu de mots, alors osons un gros) le bonheur !

Le Bonheur est Béat, Bouche Bée, se dit sans Bruit,
la Sérénité se vit Silencieuse,
l'Amour est Aphone.

L'Ecriture vit d'Emotion et d'Emois, d'Ecueils et d'Efforts...

La Douleur fait se Dire,
la Souffrance est un Sujet,
les Blessures font un Brouillon,
les Soucis ont du Style,
la Peine se met en Poème,
le Chagrin fait des Chansons,
les Tourments des Tragédies,
la Réflexion des Rédactions,
la Philosophie des Phables (ou Fables, ne chipotons pas !)

Les gens Heureux n'ont pas d'Histoire.
On le dit... Mais ce ne sont que des mots !

Et le Bonheur peut bien faire des Ballades,
les Rêves des Récits,
la Liberté des Lettres,
les Impressions des Images,
Vie et Passion, Vers et Prose,
et ce Blog, des Balbutiements...

Car de vous à moi (et vice-versa)
les Mots sont Magie :
on se lit et on se relit,
on se relie,
et on se lie...


Cath
30 09 2007

jeudi 13 septembre 2007

Campagne


Plénitude et sérénité : ce sont les mots qui me viennent, à la vue de ces balles de foin pleines et rondes, ou à la vue de champs cultivés, moissons et récoltes, haies et prairies, campagne.
Campagne : le mot est dit, j'aime la campagne.
Pourtant j'ai aimé la ville, passionnément ; un temps. Mais la campagne, l'espace, la proximité de la terre, me sont vitales, depuis toujours je crois.
Elle a un goût d'enfance.
Enfant j'habitais le bout du bout de la commune : après nous à Saint Aubin il y avait quelques maisons, et les champs, la route des crêtes. C'était un terrain d'aventures inépuisable. L'été le foin était en bottes, on en faisait des murs, des cachettes, des batailles... Il y avait Rémi, l'ami-frère : Rémi était plus qu'un copain, il était chez nous pendant le travail de sa mère, à l'époque la mienne ne travaillait pas, il avait deux ans de plus que moi, pour nous, deux filles, il était le grand frère rêvé ! Il partageait tous nos jeux. Il y avait Isabelle, la petite fille de la voisine, avec qui on jouait aux jeux de filles. Il y avait Alain et Jérôme, les voisins de l'autre côté, toujours prêts à faire une cabane, un jeu de ballon ou une bataille d'eau ! Il y avait Milou, le chien de Monsieur et Madame G., qui avaient aussi des lapins : avec eux on promenait Milou, on allait aux champignons, à l'herbe aux lapins. Avec les garçons on faisait les pitres dans le foin ou la paille, on découvrait des jeux interdits : qu'avec une loupe et un rayon de soleil, on peut allumer quelques brins de paille, par exemple... On apprenait à siffler avec une herbe entre les pouces joints. On prenait un seau, on allait aux mûres, bien décidés à en rapporter à nos mères pour des confitures : mais sur le chemin du retour, on mangeait tout ! Et on rentrait avec des sourires bleutés...


Adulte j'ai retrouvé ces sensations, ce contact, ces odeurs d'herbe et de terre, en randonnant. Marcher pour découvrir des paysages, une colline après une autre, un bosquet, une prairie, un chemin : être dedans.


Et puis y vivre, choisir d'habiter ici plutôt qu'à la ville, dans ce village tranquillement assis sur sa plaine, entre rivière et forêt, quelque part en Lorraine.
Thiébauménil, c'est Theobaldus Mansus, le manse de Théobald. Le village est habité depuis l'époque romaine.
Il y a 10 ans que nous y vivons. Une maison retapée rénovée remaniée, mais enfin, habitée depuis presque 300 ans ! En tout cas pour ses murs extérieurs. Voilà qui rassure et enracine. Je me plais à penser que les anciens savaient construire : les murs épais et mitoyens protègent du froid l'hiver et de la chaleur l'été, isolation et climatisation sont superflus. Les crues de la rivière s'épandent régulièrement deux à trois fois par an dans les prés à l'arrière des jardins, elles affleurent juste à la limite des terrains.


Il fait bon vivre ici.
Oh, bien sûr, tout n'est pas idéal. Comme partout, on rencontre les désagréments d'ici ou là un mauvais coucheur, voisin bruyant ou habitant grognon, médisance ou indiscrétion... Mais si rarement qu'on l'oublie. Et l'on y rencontre bien plus souvent gentillesse et sourire, convivialité et bonne humeur, petits et grands services rendus, au quotidien ou dans la détresse : échange de légumes et fleurs du jardin, entraide entre voisins... Lors de la terrible tempête de 99, quelques hommes sont montés sur les toits remettre toutes les tuiles en place : il n'a pas fallu de couvreur !
Je ne connaissais pas ça en ville. C'est une communauté. Elle a ses rites de rencontre, ses traditions qui rythment l'année : voeux du maire, galette des rois, brocante, quiche républicaine et feux d'artifice du 14 juillet, fête foraine, St Nicolas... Tout le monde n'y participe pas, on ne va pas à tout, mais on sait que c'est là... comme le cycle des saisons.
Comme les amis : on se voit, parfois moins, de loin en loin... Mais on se retrouve, avec bonheur.
Thiébauménil : nous n'y vivrons peut-être que quelques années, le temps de l'enfance de nos garçons, qui grandissent...
Nous irons peut-être ailleurs, qui sait ?
Mais ces années ici seront inoubliables.


Cath
septembre 2007


Crédit photos :
Auvergne et champ : CGP
Thiébauménil en été : BD
Thiébauménil vu d'ULM : JCG
Merci !

vendredi 7 septembre 2007

Où est le juste ?


« Où est le juste ? » demandait l'enfant qui ne trouvait autour de lui aucune réponse à ses interrogations.
Aurait-il fallu lui dire que le juste est un moment fragile entre clarté et ombre, entre chaud et froid, entre injustice et équité ?
Fallait-il lui révéler que le juste est un instant d'étonnement entre certitudes et doutes, entre demandes et réponses, entre oui et non ?
Faudrait-il lui permettre de sentir que le juste est dans l'accord infime de deux regards, dans l'écoute centrée, dans le don et le reçu partagés ?
Serait-il nécessaire de l'éveiller à entendre que le juste est une recherche ardente jamais achevée, toujours poursuivie aux dérobances de la vie ?
Et peut-être lui chuchoter que le juste est un abandon, un lâcher prise quand nous savons l'accueillir. Qu'il est aussi, le juste dans ce bien être soudain de l'imprévisible étonné de se sentir bon, réel, entendu, reconnu là où nous sommes. De sentir aussi que le juste est une quête vers le meilleur de l'autre et de soi pour plus d'unité et de plénitude...

Texte : Jacques Salomé
Dessin : D. de Mestral


Je voulais partager ce texte que j'aime bien. Au début je ne l'ai pas perçu, pas bien compris tout de suite. Mais je l'ai lu et relu, il me parle de plus en plus : de toutes les nuances entre le bien et le mal, entre bien et mal faire... Entre noir et blanc ce n'est pas gris, mais teinte et couleur ! Et pour trouver celle qui nous va, il faut parfois simplement se mettre à l'écoute : de soi, de l'autre.
Simplement. Facile à dire... mais jamais acquis, toujours à inventer !

Cath
août 2007

samedi 1 septembre 2007

Pour la vie


Ils ont 20 ans... et à peine quelques poussières de plus.
Ils ont dit « oui » : ils se sont dit oui, pour la vie.
Quelle joie et quel enthousiasme, quel rayonnement, quel bonheur dans leurs sourires, dans leurs yeux ! Quelle émotion pour eux, pour les proches et amis réunis, et quelle belle fête autour d'eux !

« Pour la vie » : quel vertige ! Comment peut-on dire ça ? Je ne sais pas si j'aurais pu le dire, à 20 ans... même avec pas mal de poussières.
Mais je l'ai dit cependant. J'avais presque 40 ans ! Sait-on plus ce qu'est « pour la vie » ? Il me semble que oui : on en sait au moins autant, c'est-à-dire qu'on sait qu'on ne sait pas grand chose ! On en a de plus en plus conscience. Alors on se dit qu'on avance, ensemble, depuis pas mal de temps, qu'on est embarqués pour un bon moment, que l'engagement, on le vit tous les jours, et qu'on peut le faire au grand jour, un grand jour, y mettre les projecteurs et l'affirmer haut et fort ! On en sera au même point, mais un pas plus loin : on l'aura dit. Et signé. En pleine lumière. Sans hésiter, sans vertige... Ou un vertige délicieux. Dans l'ignorance et l'inconscience la plus totale de ce qu'est « pour la vie », mais c'est cette inconscience, humaine et magique, qui porte le plus loin et le plus haut nos projets, nos espoirs, nos élans. Notre amour.

C'est cette petite lumière qu'il y a dans leurs yeux... et qui mouille un peu les nôtres, à chaque mariage.


Cath
1 09 2007