mercredi 31 décembre 2008

2009



Pourquoi est-ce magique à chaque fois ?
Je ne sais pas.
Le soleil se couche derrière une colline à l'ouest, se lève, surgissant d'une autre à l'est, et ce depuis la nuit des temps... Et c'est toujours un émerveillement.

L'année nouvelle est un non-événement encore plus excitant !
Juste un chiffre qui tombe, et l'on fait le bilan d'une période, un nombre qui change, et l'espoir renaît de ce nouveau futur.

Que l'an « deux mille tout neuf » vous soit, nous soit donc lumineux et limpide, et comme on dit si joliment en Corse : « pace e salute* » ! pour le monde entier.

Cath

* soit "paix et santé", mais pas seulement, il y a une grande bienveillance, de la fraternité dans ce salut.

Photo : lever de soleil en Lorraine, 30 12 2008.

dimanche 21 décembre 2008

Un peu de lumière

Pour un peu de lumière
Je donnerais les présents
Que je vois en passant aux vitrines des marchands
Pour un peu de chaleur
Je donnerais les richesses
Que je n'envie pas certes aux fortunes des puissants !

Et puisque de ce jour
Jusqu'aux longs mois d'hiver et de printemps
Il fera de plus en plus jour
Chaque matin et chaque soir plus longtemps
Voici venu le temps de croire
Voici venu le temps de l'espoir !

Complètement anachronique
Anarchique et fantasmagorique
Hors de tout des aléas des feux de l'actualité
L'espérance humaine n'a ni sens ni finalité
Elle est assez invraisemblable
Mais chevillée au corps
A la vie à la mort
Elle est juste... indispensable !


Quelle que soit la vôtre, et vos croyances...

Joyeux solstice, bon Noël, heureuse période de fêtes à chacun !

Et un peu de lumière à qui en a besoin.

Cath
21 12 2008


Photo : Place Léopold, Lunéville, 12 2008


dimanche 7 décembre 2008

Une question de regard





C'est une question de regard
Juste une question de regard
Le tien garde son silence
Mais il est plein de confiance
Alors je sais qu'il est tard
Je m'en remets au hasard
Entre tes bras en corbeille
Je laisse venir le sommeil
J'y réfléchirai demain
J'aurai le jour dans les mains
Et les idées bien plus claires
Au matin dans la lumière

C'est une question de patience
Juste une question de patience
Tu m'écoutes et tu attends
Il me faut un peu de temps
Mais tout sortira de l'ombre
Les mots et les idées sombres
Là où le cerveau s'embrume
Dans la colère ou l'écume
Où tout ce qu'on ne dit pas
Viendra peut-être pas à pas
Et le fil se déliera
L'écheveau se dénouera

C'est une question de présence
Juste une question de présence
Et je vais beaucoup plus loin
Ton regard me tient la main
Il me porte et me soutient
C'est un vent de trois fois rien
C'est un souffle de confiance
Qui me fait libre et j'avance
J’hésite, mais je crois en toi
Je sens que je deviens moi
Juste par un regard clair
Qui me rend le ciel ouvert

Paroles Catherine Ginefri-Poret & François-Marie Gerard
Musique et interprétation François-Marie Gerard
Tous droits réservés 12 2008



Il est des rencontres qui font avancer, des relations qui sont constructives. Elles ne sont pas très nombreuses. On les reconnaît quand on les touche du doigt. Elles nous aident à vivre. Parfois ce n'est qu'un moment... mais juste au bon moment.

Je n'avais pas consciemment le projet d'écrire là-dessus. Une partie de ce texte m'est venue sans réfléchir. C'était une ébauche. Je l'ai partagée avec François-Marie : ça lui a parlé. Il a proposé des ajouts, des modifications, moi aussi. C'est un texte écrit à deux. Et il a eu envie de le mettre en musique. C'est devenu une évidence : une chanson !

J'espère que vous trouverez, à l'écouter, le plaisir qu'on a eu à la faire !


Cath
12 2008

D'autres titres de François-Marie, en écoute ici, et sur son site :
http://www.fmgerard.be/
Voir aussi son blog : Réverbères.

vendredi 28 novembre 2008

Yves Simon à Nancy

Un moment rare et attendu : Yves Simon en concert à Nancy ! Il s'est éloigné de la scène pendant trente ans... mais il n'est jamais venu à Nancy, ville où ce Vosgien a fait ses études.

Il arrive sur scène et c'est un bonheur de le retrouver. Il a l'air content d'être là, alors il prend le temps, il commence par nous présenter ses musiciens, avant même de chanter. Il aime parler, apparemment ; il parle bien, posément, semble goûter chaque instant. Et nous on aime à l'entendre parler, alors on boit ses paroles. Chaque chanson sera l'occasion d'une anecdote, d'un mot d'humour ou d'une réflexion plus ou moins philosophique (plutôt plus que moins), sur l'écriture, les femmes, l'amour et l'amitié, la vie : « Etre humain, c'est essayer de devenir un peu meilleur que ce qu'on est. »

Trente ans d'attente, cela mérite de présenter un peu de tout son répertoire. Et en effet il nous fait un mélange de chansons récentes du nouvel album, si réussi, « Rumeurs » et des immuables qu'on aime tant : une interprétation particulièrement émouvante, debout face au public, sans guitare, les mains ouvertes, de « Regarde-moi », et sa réponse, « Raconte-toi" :
« Si tu prenais le temps camarade de rencontre
De me regarder dans la peau,
Au cœur de ma solitude.
Là où s'inscrivent les mémoires de l'amour, de la guerre et du froid,
Sur mon enveloppe d'homme fragile comme de la soie
Tu verrais alors les mêmes angoisses que toi
Avec des arcs-en-ciel et des p'tites amours en poubelles
Tu verrais des ailes de géant brûlées par l'air du temps.
Regarde-moi.
(...)
Regarde, regarde camarade de rencontre
Tu vois, c'est ma façon de te dire que je t'aime,
Et qu'il faut qu'on se dise des mots
Des regards et des caresses
Pour ne pas repartir chacun dans son métro
Avec des torrents de paroles qui te restent au travers du cœur
Et de la gorge. (...)»

Ses chansons d'univers poétique racontent une ville, une région... mais avec toujours une histoire, un amour, une tendresse : « Sur les bords de la Moselle, j'avais un amour... » a évidemment du succès à Nancy, ainsi que celle sur « Les fontaines du Casino » de Contrexéville, ville dont il est originaire, et où « il ne se passe rien l'hiver, et on attend l'été et c'est pareil ! » Les années d'études à Nancy, c'était la découverte d'une plus grande ville, l'angoisse de l'avenir, mais aussi le moment de « tous les possibles »...

Il évoque ce qu'il écoutait et qui l'a influencé, Brassens, les Beatles, Gainsbourg, Bob Dylan... et à chaque fois il nous joue et chante un couplet de l'un ou l'autre, en solo avec sa guitare : concert intime, on a l'impression d'être un ami dans son salon.

Mais cet artiste hors pair en pop française nous emmène aussi dans des balades bien plus rythmées, avec ses musiciens, guitariste, batteur-percussions, clavier, basse ou contrebasse, pour : « J'ai rêvé New York », « Les héros de Barbès », « Amazoniaque », et le grand succès « Diabolo Menthe »...

On retrouve avec beaucoup de plaisir et d'émotion « Les gauloises bleues (les beaux jours) », « Les embruns de la jeunesse », « Un jour on dit », la malicieuse « Les filles ont des sentiments », et puis « Cet enfant», et « Aux fenêtres de ma vie », magnifique duo avec Françoise Hardy sur l'album, elle n'est pas là mais la chanson est belle quand même ! On a déjà de la chance qu'il soit venu, il s'est blessé au pied il y a quelques semaines et a dû annuler des concerts.

Enfin, je ne me remémore plus tout ce qu'il a chanté... je goûte le moment, je voudrais qu'il dure, je me dis que ça ne peut pas finir, tant qu'il n'a pas joué « Au pays des merveilles de Juliet » !
Il nous la réserve pour les rappels, en sollicitant le public pour les choeurs et le rythme : je trouve que c'est gonflé, car il faut tenir toute la chanson ! Je me demande si le public va jouer le jeu... et, miracle oui. Les gens sont discrets et ont l'enthousiasme réservé, à l'image de l'ambiance feutrée de la soirée, mais ils sont fervents et l'enthousiasme est là. A la fin toute la salle est debout pour l'acclamer et le remercier.

On sort, le sourire et les mélodies aux lèvres, avec l'impression d'avoir vécu un moment exceptionnel, rare, raffiné.

Cath
28 11 2008

dimanche 23 novembre 2008

Premiers frimas, première neige

On a beau dire on a beau faire, être averti le savoir, se dire que c'est (presque) l'hiver... ça fait toujours son effet, les premiers glaçons les premiers flocons !

Et ça blanchit novembre gris, et ça éclaircit un ciel souris !

Cath
11 2008


vendredi 14 novembre 2008

Joyeux novembre









Nous voici à mi novembre ! Et pas de blues, pas le temps cette année. De la musique, de la chanson, de la danse, les amis et la famille, le boulot et la fête, je me suis donnée à fond, et je ne lève pas le pied, c'est décidé !
C'est peut-être là le secret.
Et les jours clairs chassent le brouillard, et les petites lumières le cafard...
Merci à qui et ce qui me tient la main.

Et je n'oublie pas un ami dans la peine.

Cath
novembre 2008

Photos :
* concert-bal Ambrozijn 8/11 : un immense plaisir !
* (B2T)
stage danse folk, 9/11 : flagrant délit de bonheur en danse, la Cath !
* concert Emma Demoiselle et Alcaz, 10/11 : quel talent !

samedi 8 novembre 2008

On va pas se dire

Encore une chanson...





Compagnon de cour d'école
De cabane et d'herbe folle
De ballon, d'éclaboussades,
De chahut tendre et glissades
Camarade haut de trois pommes
Retrouvé à l'âge d'homme

On va pas se dire je t'aime
Entre nous pas de "gros mots"
Mais c'est du pareil au même
On s'entend à demi-mot.

Compagne d'adolescence
De partage en confidence
D'amours secrets murmurés
De révolte poings serrés
De blues et de vague-à-l'âme
Amie-soeur devenue femme

On va pas se dire je t'aime
Entre nous pas de "gros mots"
Mais c'est du pareil au même
On s'entend à demi-mot.

Amoureux d'avant-hier
Quittés mais pas oubliés
A la fin des turbulences
Des tumultes du silence
On se garde au fond du coeur
Une estime sans rancoeur

On va pas se dire je t'aime
Entre nous pas de "gros mots"
Mais c'est du pareil au même
On s'entend à demi-mot.

Correspondants de la toile
Parmi des milliers d'étoiles
On s'est connus, reconnus
Par les mots qui mettent à nu
Derrière l'écran, la pudeur
On s'attache, amis de coeur

On va pas se dire je t'aime
Entre nous pas de "gros mots"
Mais c'est du pareil au même
On s'entend à demi-mot.

Paroles Catherine Ginefri-Poret
Musique et interprétation Yves Borredon
Tous droits réservés 10 2008

A écouter sur le player ci-dessus. (Merci fmg pour ton aide toujours précieuse !)

D'autres titres d'Yves, en écoute ici :
page Myspace Musique Yves Borredon

Illustration Yves Borredon

mercredi 29 octobre 2008

L'espoir Obama


Je ne suis pas américaine, mais je me sens concernée. Nous le sommes tous, citoyens du monde.
L'état actuel de la planète n'est pas brillant. Bien sûr, Obama devra faire avec. Il ne pourra pas tout changer d'un seul coup. Mais il a l'intention avec lui : l'intention d'un monde un peu plus juste, un peu plus ouvert ; l'intention de ne pas régler les problèmes par le conflit armé, par le pouvoir qui écrase.


Alors, il porte en lui l'espoir. L'espoir de beaucoup, dans son pays (dans et même hors son camp), et dans le monde.
Et le mien aussi.

Cath
octobre 2008

mercredi 24 septembre 2008

Petits riens




Tu sais on n'est que c'qu'on est
La vie passe la vie nous fait
Des quidams au quotidien
Inquiets, agacés d'un rien,
Colère et papier de verre
Pour un p'tit grain de travers
Du sable entre les rouages
Qui nous mine et nous enrage

C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.

Tu sais on n'est que c'qu'on est
La vie glisse et nous défait
Nous démet nos certitudes
Lors des grandes solitudes
Cataclysme, raz-de-marée
La douleur dans la durée
Trie le bon grain de l'ivraie
Une main, une parole vraie

C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.

Tu sais on est ce qu'on est
La vie va et nous remet
Debout, sereins et lucides
Nus et humbles mais solides
Prêts à s'étonner d'un rien,
A saisir la joie qui vient
D'un matin clair, d'une lumière
D'un plaisir qui nous est cher

C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.

Tu vois on est ce qu'on est
La vie rit la vie nous met
Un éclat dans le regard
Pour une rencontre un hasard
Un autre humain qui t'émeut
Qui te touche te rend heureux
Des grains d'ambre et de lumière
Rires complices et joie claire

C'est une broutille un caillou
Des instants de rien du tout
Mais qui sont un peu de nous
Ces petits riens qui sont tout.


Paroles Catherine Ginefri-Poret
Musique et interprétation Yves Borredon
Tous droits réservés 09 2008


C'est une première : une chanson ! Je n'en avais jamais fait. Yves m'y a invité, il m'a proposé une mélodie, j'y ai mis des mots, il a adapté la musique, et de fil en aiguille, mes mots sur ses notes et ses notes sur mes mots, ça a fait une chanson.
Merci Yves pour ce bel échange !

A écouter sur le lecteur ci-dessus.
(Merci FMG pour l'aide technique !).

D'autres titres d'Yves, en écoute ici :
page Myspace Musique Yves Borredon

Photo Cath, (avec la main de Guillaume !) été 2008

samedi 13 septembre 2008

Lumières

Serait-ce parce qu'elle décline et nous manque, en cette fin d'été qui s'incline un peu trop vite vers l'automne ? J'incline à penser que c'est ce qui nous la rend si précieuse : la lumière. Nous y aspirons tous, nous sommes plusieurs à en être fascinés, inspirés.

Keskecé ? ce petit point lumineux dans le noir ?
Ce pourrait être une devinette. Quelques pixels colorés à la va-vite ? Un coup de stylo-feutre fluo ? Une photo ratée d'un quelconque signal électronique ? Taratata, pas du tout ! Cette photo, on ne dirait pas comme ça, mais j'y tiens beaucoup, c'est une rencontre rare : une luciole, une vraie, un ver-luisant que j'ai vu cet été en Auvergne, et dont j'ai voulu figer l'éphémère et émouvante découverte.

* Toute cette introduction pour vous présenter le blog d'un ami : Entre les lignes. Allez lire sa belle histoire et son message plein de chaleur, et vous verrez le lien avec ma photo... Et en cherchant un peu plus loin, d'autres histoires attachantes, dans un style toujours bien écrit et prenant.


* La recherche, et souvent, la mise en avant de la lumière, vraie ou symbolique, est le thème permanent d'un autre blog-ami cher, au nom qui annonce d'entrée la référence à la lumière : Réverbères. Toujours quelque chose d'intéressant à y trouver, des réflexions à partager, lumineuses, souvent brillantes, avec ça et là un trait d'humour et de distanciation, mais jamais loin de la vie !


* Un coup de coeur pour des photos sur Wikipédia m'a amené à quelques échanges sympathiques avec ce photographe, et surtout à découvrir, avec un enthousiasme toujours renouvelé, les images de Luc Viatour. Allez voir son site, c'est une belle balade. Je parlais de lumière, ses photos d'un spectacle de tango littéralement enflammé sont époustouflantes.


* « Lumières d'homme », c'est le titre d'un ouvrage de Prévert et du spectacle des Rim'ailleurs, qui clament et mettent en musique des textes de Prévert, connus et méconnus : je peux vous conseiller leur page Myspace, leur forum ou leur blog, mais le mieux est bien d'aller voir leur spectacle ! Vous y découvrirez un Prévert étonnament actuel. Entre gravité et poésie, l'humour ne manque pas, l'émotion bien présente, et leur talent emporte le tout : courez-y ! Il seront du 7 au 11 janvier au théâtre Mon Désert à Nancy, avec des invités-surprises...


* Pour terminer sur une touche légère, quelques images de mon ado de fiston qui a emprunté mon appareil-photo (pour sa fonction de temps de pose long), et une lampe de poche, ainsi qu'un trépied... histoire de s'amuser un peu à faire des effets. Voici le résultat. Je précise que ce sont de vraies photos, pas des montages !


Bravo Guillaume !

Bravo et merci à tous. Vos talents sont lumineux.

Cath
09 2008

Photos : Cath, blog Entre les lignes, Réverbères FMG, Luc Viatour, Cath, Guillaume.

mercredi 27 août 2008

Festival Des Granges 2008

5e FDG et toujours le même bonheur à y venir !
Il s'ouvre avec un temps ensoleillé et tout le monde a le sourire. Lorsque nous arrivons jeudi, le chapiteau est installé, les travaux d'aménagement de cette année ont rendu l'espace d'accueil encore plus beau, pratique et convivial : un jardin à la campagne, pelouse ombragée et allées claires. La pierre et la terre blanches de ce coin de Meuse rendent tout plus lumineux ici qu'ailleurs, sol et murs.

Comme la grange à concert de la première soirée, avec sa petite scène aux couleurs chaudes : concert intime, soirée blues.

Jules « le songwriter à la française » est venu avec son guitariste Laurent, son grand sourire, ses chansons et son humour ; et l'ambiance est tout de suite lancée, le public enthousiaste, « comme tout le monde », comme dit Jules en chantant ! Il nous replonge dans « les années douces » avec plus de clins d'oeil que de nostalgie, et nous fait participer en choeur, battement de mains et chorégraphie au futur « tube de l'année 2009 » : « A New York un Picon-bière, c'est bon, mais c'est cher ! A Paris un bière-Picon, c'est cher, mais c'est bon ! » Les paroles vont plus loin mais j'avoue que je n'ai pas tout retenu. Il a un petit quelque chose de Bénabar, la bonne humeur communicative et un chaleureux contact avec le public, qui rit de bon coeur. Et puis tout de go, il passe à une histoire plus grave, celle d'un Roméo épris en secret, d'une passion qu'il ne peut pas dire, triste car il est... gay. Cela plombe un peu l'atmosphère, mais j'aime beaucoup. Avec « Il était mon ami », ce sont deux chansons superbes, pleines de sensibilité, qui m'ont touchée. Deux bambins au premier rang ne le quittent pas des yeux ; la grange est pleine, le public de tout âge est conquis.

Charlie Fabert prévient dès son entrée : « ce sera très différent !» Du blues, il chante mais surtout joue de la guitare, de ses longs doigts fins, admirablement. Après quelques morceaux, il est rejoint par Kate Cassidy, chanteuse écossaise au timbre de voix et à l'expressivité étonnants. Le blues, je connais peu et je ne pensais pas être remuée comme ça, par cette longue dame blonde à la voix grave, qui ondule en chantant l'amour et le spleen. La salle apprécie et participe de la voix, des mains et des pieds. L'espace devant la scène se remplit, on s'asseoit par terre pour être au plus près et vibrer en rythme.

L'ambiance est chaude, elle sera galvanisée par Marc André Leger. Ce Canadien qui vit en Europe est un musicien exceptionnel. Guitariste virtuose, s'accompagnant au dobro (une guitare métallique à résonateur), il vit le blues et le gospel intensément, et le partage de tout son talent de communication, par ce qu'il dégage, sa générosité, son humour, et son magnétisme. Les premiers rangs font les percussions en battant des mains, de temps en temps il s'interrompt sans trouble et leur donne le tempo avec un beau clin d'oeil. Le moment est magique, le public est passionné, animé et en redemande ; Marc André Leger apprécie et continue. Il finira en menant un bel ensemble avec Laurent, Charlie et Kate pour quelques morceaux. A la fin le public est debout et l'acclame, lui et toute la soirée, le succès est mérité !



Vendredi se lève gris, le temps est à la pluie : un peu, beaucoup, plus ou moins selon le moment du jour, on aura eu toutes les variétés d'ondées, averses et « rabasses », comme disent les copines de Besançon. Et le soir, ça continue : des cordes ! Pour un festival de guitare, vous me direz...
Heureusement, le chapiteau offre un bon abri pour la scène et le public, même si le sol est mouillé, et même si la buvette dehors et ses parasols font triste mine, comme les organisateurs un peu inquiets à l'approche de la soirée. Finalement un demi-miracle s'opère, pas du côté du ciel en larmes, décidément inconsolable, mais du côté du public venu nombreux sans se laisser décourager par le temps. Ils ne seront pas déçus !

Cyril Achard démarre avec brio cette soirée-guitare, par un jeu soigné de jazz et bossa en solo : il interprète des compositions personnelles très élaborées et revisite librement des thèmes comme « la Javanaise ». J'avoue que je décroche un peu par moments, c'est assez austère pour moi, mais c'est très bien joué. Mon voisin, amateur de jazz, est ravi.

Kamilya Jubran suit. Elle chante des textes de poètes contemporains, palestiniens, libanais ou syriens et s'accompagne au oud (luth arabe) : l'instrument est grave et poignant, le moment aussi. La voix de Kamilya Jubran est sublime, cristalline et pleine de nuances, vibrante et tout en émotion : le public est attentif, de plus en plus, puis captivé. La chanteuse donne la traduction de quelques textes, on y entend les larmes et la souffrance des peuples en guerre, en des mélodies et mélopées magnifiques, très émouvantes. Elle est justement et chaleureusement applaudie par le public, respectueux, touché.

L'ambiance de la soirée change de ton, pour le flamenco de Serge Lopez, en duo avec Jacky Grandjean : une guitare, une basse, du chant, des frappements de mains, un énorme talent et une complicité sans faille, ils sont excellents, s'amusent beaucoup et nous aussi ! Le succès est énorme, on a du mal à les laisser partir...

Mais la soirée n'est pas finie, elle se continue avec le groupe « les Doigts de l'Homme » : du jazz manouche à la chanson festive, un zeste de rock et world, ces virtuoses nous emportent dans leur univers de rythme et d'humour avec une belle complicité de groupe, c'est un spectacle à voir et à écouter, on se régale ! On rit et on s'enthousiasme pour la musique et pour les paroles avec des chansons bien senties, comme « la place du mort », qui me fait penser à Brassens, ou ce morceau de jazz, « camping sauvage à Auschwitz », hommage à la population tzigane déportée. La salle bat des mains et des pieds, ça swingue, on acclame, on adore !

La nuit est bien avancée, on a oublié la pluie. D'ailleurs il ne pleut plus, ou presque, et les belles émotions et l'énergie de la soirée ont si bien chauffé le chapiteau que la vapeur d'eau nimbe d'un joli halo de brume les festivaliers qui repartent...

Samedi le temps est plus sec, et au fil des heures le soleil arrive : nous avions des émissaires pour nous l'envoyer, merci aux amis de loin qui pensent à nous ! On ne sait jamais, ça peut jouer !

La soirée s'annonce pleine d'énergie et de talent, pour terminer en beauté ce festival. En première partie nous retrouvons Charlie Fabert et son band, pour du blues très électrique, guitare, basse et batterie ; Kate Cassidy les rejoint au chant pour quelques morceaux choisis.

Changement d'univers avec Up ya boya et sa musique irlandaise : reels et jigs enjoués et entraînants, ou balades aux arrangements subtils, les instruments et voix se répondent ; celle de la chanteuse, Bénédicte, est magnifique. On est sous le charme, et le chapiteau prend des allures de pub joyeux. Il ne manque plus que le parquet pour danser ! Et des notions de pas irlandais, mais cela est une autre affaire...

Autre chanteuse, toute autre voix, mais autant de charme et un talent éclatant, la jeune Marjan Debaene et ses chansons pop-rock. Elle est bien entourée à la guitare électrique, basse et batterie, et laisse jaillir son énergie et sa joie de vivre communicatives. Après une tournée européenne, venue de Flandre, elle est heureuse de jouer au Festival des Granges, et le public ravi de la découvrir : un nom à retenir, et à suivre...

Pour finir, place au groupe très attendu, The Christians ! Après leur succès mondial en 1988-1990 puis leur séparation, ils jouent ensemble à nouveau sur la scène du Festival des Granges, pour un vrai bonheur de concert. Leur son pop soul funk est superbe, l'harmonie des voix et des mélodies remarquable, que ce soit dans leurs morceaux ou des reprises, des Beatles par exemple (« Here comes the sun »). Et en plus ils sont beaux, pleins de charme et d'humour ! C'est un concert magnifique, autant pour ceux qui les retrouvent que pour ceux qui les découvrent : un grand moment ! On le prolonge, on les rappelle, ils reviennent encore et encore...



Mais tout a une fin, même les plus beaux moments, même un festival qu'on adore... C'est déjà fini ? Encore une fois, ça a passé à toute vitesse. Mais je repars la tête pleine de musique et de belles découvertes. Et d'amitié aussi, d'échanges chaleureux...

Et Pascal et Fanny l'ont promis, la grange ne va pas s'endormir pour toute une année : on prévoit d'y fêter la Saint Patrick.
Alors, rendez-vous à Laimont au printemps !

Cath
08 2008


Photos : Cath.
Quelques extraits en vidéo, en suivant les liens.

mercredi 20 août 2008

Le génie Dali

Je ne connaissais rien de Dali. Ou si peu. Ce nom m'évoquait quelques tableaux étranges, des personnages déformés au milieu de scènes incompréhensibles, des montres molles, surtout : cette image me revenait toujours.

Ayant l'occasion d'aller en Espagne, à Figueres, où se trouve le théâtre-musée Dali, conçu par lui-même et présentant ses créations, j'étais curieuse d'en savoir plus, toute excitée de découvrir son oeuvre.

La visite vaut le détour. Je ne suis d'ailleurs pas la seule à le penser, nous étions nombreux à patienter pour y entrer : une foule calme et déterminée, une file en « S » devant l'entrée, s'étirant le long de la rue... Une attente d'une heure trente : premier étonnement, première reconnaissance en quelque sorte du pouvoir d'attraction et de fascination du maître.

Dali n'a rien d'ordinaire, et son musée non plus. De l'extérieur déjà, le bâtiment se distingue de loin par son dôme de verre, et dès l'approche, par son apparence : il est constitué de deux parties, l'ancien théâtre à la façade classique revisitée, ornée de statues drapées portant des baguettes de pain, et un bâtiment plus récent le prolongeant, au décor délirant, entièrement peint en rouge et parsemé à intervalles réguliers de centaines de motifs identiques qui m'intriguent : il s'agirait de « petits pains ronds à trois croûtons », ah bon !

En haut du mur, sur tout le pourtour, alternent des oeufs énormes et des mannequins dorés que l'on retrouve aussi sur la façade du théâtre et qui font ainsi le lien entre les deux éléments de l'ensemble architectural.

L'intérieur du musée s'organise autour de la coupole de verre mettant en lumière une installation majestueuse (et complètement kitsch à mon goût) : une statue aux formes généreuses, que l'on croirait sortie du Satyricon, trônant comme un emblème démesuré sur la carrosserie d'une Cadillac rutilante, le tout surmonté d'un vaisseau pleurant des gouttes bleues, qui semble tenir les rênes de cet étonnant cortège.

Les autres salles présentent tableaux et statues en différentes mises en scène pour les mettre en valeur : leur taille est souvent impressionnante, comme ce nu de femme, vu de dos, d'au moins 4 mètres par 3, qui est en fait un trompe-l'oeil, une image double représentant aussi, vu de loin, un portrait d'homme pixellisé (que l'on retrouve comme un indice en miniature dans le tableau).

Autre trompe-l'oeil, ce petit tableau qui est à la fois un profil d'homme et une silhouette de femme.

Dali passionne, parce qu'il étonne, et qu'écoutant ses fantasmes il provoque, questionne et réveille un peu les nôtres. Le plus surprenant est l'abondance de son oeuvre, et sa diversité : peinture, sculpture, il touche à tous les registres avec la même perfection technique, et l'art toujours renouvelé du décalage, de l'inattendu, de la transformation.

Qu'il revisite Michel Ange ou Millet, son regard renouvelle et prolonge l'oeuvre : l'Angelus de Millet ainsi multiplié est étendu à « toutes les heures, toutes les saisons ».

Dali aime reproduire, multiplier, juxtaposer les images, j'y vois comme une question lancinante sur la nature de l'art, l'obsession de montrer que les choses ont plusieurs approches, la tentative de les maîtriser.

D'autres constantes habitent Dali : l'amour de sa chère Gala, et le goût du spectacle et de la mise en scène. Les deux se confondent parfois. Car Gala est souvent son modèle, et il lui dédie une partie de son oeuvre, comme de ce musée, où la tour ronde porte son nom. La muse Gala lui inspire parfois le génie, comme dans cette toile, « Galatea des sphères » : c'est un des tableaux qui m'a le plus touché, j'aime le regarder, j'y reviens toujours avec plaisir et fascination.

Artiste à l'ego surdimensionné, Dali aime aussi à se représenter, comme ici vu du dessous, avec Gala, sur ce plafond peint au style mélangé, surgi d'une époque indéfinissable.

Les tableaux surréalistes ne m'ont pas tous enthousiasmé, mais certains m'ont passionné, comme ce « Chemin de l'énigme ».

La visite du musée est un voyage foisonnant, où que l'on pose les yeux le regard est accroché par une toile, une sculpture, un décor...

On en ressort ébloui et plein d'images en tête, pour longtemps.

Pour continuer la balade, vous venez ? Je vous emmène, et je laisse parler les images...

Cath
08 2008


Pour continuer la visite de l'univers de Dali, voir :
le site de la Fondation Gala-Salvador Dali:
beau diaporama à l'entrée du site et plein d'infos.