dimanche 19 avril 2009

Albert mon grand-père

Mon grand-père s'appelait Albert. Y penser, c'est toujours revenir loin en arrière, presque en mon enfance, car il est mort quand j'étais adolescente. J'y pense souvent, car c'était une personnalité marquante, quelqu'un qu'on n'oublie pas.

Je sais pourtant assez peu de choses de lui je trouve. J'ai un sentiment d'inachevé, j'aurais dû parler plus avec lui, et surtout l'écouter plus, le questionner. Mais on ne sait pas l'urgence de ces choses, quand on est si jeune...

Il avait été instituteur, directeur d'école même : c'est la première chose qui me revient. Ça faisait tellement partie de lui, le savoir, une certaine autorité, transmettre, enseigner, lire, continuer à apprendre... Et puis aussi il était socialiste. Ça, c'est la deuxième chose importante, car il le disait à qui voulait l'entendre ! Il était agnostique : c'est lui qui m'a donné envie de chercher ce mot dans le dictionnaire, car je ne savais pas ce que c'était. Il savait beaucoup de choses, suivait l'actualité de près, lisait Le Monde tous les jours. Il avait un avis sur tout : beaucoup d'événements le faisaient démarrer au quart de tour, la politique surtout, ou le sport, il s'emportait alors et disait des gros mots... qu'on nous interdisait de dire, nous, enfants !

Il était passionné par le cyclisme, suivait le Tour de France assidûment l'été. L'hiver, il lisait des romans policiers, à une vitesse incroyable, il avait des collections de ces romans noirs qui ne m'ont jamais trop attirée... L'hiver, il était frileux, il passait une partie de ses journées les pieds sur le radiateur.

Toute l'année, il portait un chapeau. Chapeau de feutre l'hiver, de toile l'été, indispensable pour le soleil du midi où il avait une maison, où il passait la moitié de l'année, avec ma grand-mère. J'ai des souvenirs de ces étés, des vacances chez eux où l'on allait, gamines, pré-adolescentes : du bonheur à l'état pur. On y allait pour quelques semaines, avec ma soeur, et on était gâtées : c'était le rythme tranquille des grands-parents, les bonnes choses que Mémé cuisinait pour nous faire plaisir, mais c'était aussi les sorties libres avec des cousins, des voisins, des amis, on était rarement les seuls jeunes dans le quartier. Et si on s'ennuyait un peu, on allait à la plage à deux (mes grands-parents n'y allaient pas, mais ma grand-mère nous donnait un peu d'argent « pour une glace à une boule »), pour nous c'était la liberté ! Ou bien on jouait à la pétanque avec Pépé. Pépé Albert était passionné de pétanque. Cela nous amusait un peu, mais attention, lui prenait ça au sérieux, il fallait se concentrer, suivre ses consignes, pointer ou tirer avec application !

Et puis si on jouait au ballon, il ne fallait pas abîmer son jardin, ses fleurs, qu'il chérissait : c'était encore une de ses passions, la botanique, il connaissait toutes les plantes.

Quand nous étions enfants, petites, il prenait le temps de jouer avec nous, que ce soit aux cartes (il nous apprenait la belote), aller faire des boules de neige en hiver, ou jouer à la dînette, à la poupée, il avait la patience de nous regarder jouer ou de participer à nos jeux. Et puis le dessin aussi, mais là il était bien meilleur que nous : j'y reviendrai. Cache-cache, devinettes, il aimait nous taquiner et c'était un plaisir, car il était plein de finesse, il aimait les mots et en jouer. Il était fort en mots-croisés par exemple, ou au Scrabble. Il écrivait des lettres superbes, la correspondance avec lui était délicieuse.

Je crois qu'il avait un peu l'allure de Jacques Tati, avec sa grande taille, son chapeau et ses gestes, et un rien de Pagnol aussi, l'accent et les expressions du midi qu'il avait adoptés, quelque chose dans le caractère qui me fait penser à cet univers.

Il était très amoureux de ma grand-mère, je me souviens qu'adolescente j'étais un peu surprise, ainsi qu'attendrie, de voir leur tendresse s'exprimer.

Il avait fait la guerre, je ne sais pas bien quoi, mais il avait été officier, prisonnier en Allemagne plusieurs années. Malade, affaibli, très amaigri, rapatrié car mourant, il avait survécu par le désir intense de retrouver sa femme et ses enfants... Il s'était remonté peu à peu, avait retrouvé la santé grâce aux bons soins de son épouse, ma grand-mère qui, pour le nourrir, traversait la campagne à vélo au péril de sa vie, pour se procurer des produits fermiers en ces temps de guerre et de disette.

De ces années noires, il avait ramené une santé fragile, était devenu cardiaque. Mais il n'en parlait guère, même s'il était très anxieux et que ça le minait.

Habile de ses mains, il savait bricoler, relier ou réparer les livres. Il avait un bon coup de crayon, il dessinait très bien. Il n'en a jamais fait grand chose à ma connaissance, que des esquisses, des brouillons griffonnés sur un coin de lettre... Sauf deux choses étonnantes. Premièrement, il savait broder. Pas au figuré, non, au sens propre : je n'ai jamais entendu parler d'aucun autre grand-père qui brode ! Et bien lui dessinait des motifs sur des draps, et les brodait. Et puis, deuxième chose incroyable, durant ses années de captivité, prisonnier de guerre, il avait fabriqué, de ses mains, de A à Z, des petits livres, pour les envoyer à ses filles, depuis son camp « Offlag XB ». J'ai deux de ces livres. C'est une merveille, je vais vous les montrer : l'histoire du vilain petit canard, retranscrite de mémoire, à la plume et illustrée, et un petit guide de dessin, pour apprendre à dessiner les animaux.

Ces livres que ma mère m'a transmis, c'est parmi les choses les plus précieuses que je possède, c'est pour moi un trésor inestimable. J'en prends grand soin, j'espère que rien ne les détruira, et que mes enfants les garderont avec la même ferveur...

(voir détails ci-dessous)

Cath

4 2009

Le vilain petit canard

Conte d'Andersen.

Reproduit, de mémoire je suppose, par mon grand-père, Albert Verbrugghe, entièrement (dessins et écriture à la main, reliure...) avec les moyens du bord, au camp Offlag XB, en avril 1942.
Dédicacé : "A mes filles, Jacqueline et Paulette".

Extraits :






Les animaux tels qu'ils sont

D'après R et L Lambry.
Reproduit, de mémoire je pense, par mon grand-père, Albert Verbrugghe, de A à Z (dessins et écriture à la main, reliure...) avec les moyens du bord, au camp Offlag XB en septembre-octobre 1942.
Extraits :










samedi 18 avril 2009

Voisin voisine

- Ça alors ! C'est la voisine qui fait sa toilette, ma parole !

- Ça alors... C'est le voisin qui m'observe, ma parole !


Coquin, coquine...

Humeur : printemps !

"J'ai toujours préféré aux voisins les voisines..."

mercredi 15 avril 2009

Deux univers

Par les hasards du calendrier (deux concerts deux soirs de suite), j'ai été très impressionnée ces jours-ci par deux découvertes, deux univers de musique, de chanson, que je connaissais peu, aussi différents qu'on peut être : Les Ogres de Barback, et Alifair.

Extravertis, tout en énergie et exubérance, les Ogres de Barback nous servent un spectacle foisonnant, aux multiples instruments et styles musicaux, un spectacle rythmé et dansant, un vrai cirque avec ses décors et acrobaties, tout en donnant un message fort, engagé, sans concessions. Du jazz manouche au meilleur de la chanson, de l'acoustique pur au rock électronique, ces quatre-là savent tout faire ! Depuis 15 ans ils tracent leur route, de plus en plus assurée, s'il croisent la vôtre n'hésitez pas, leur passage sur scène est un grand moment. Leur spectacle « Fin de chantier » est terminé, vous pouvez en avoir un bel aperçu en DVD (celui-ci était offert avec chaque place de la dernière tournée, idée originale et appréciée).

Que nous présenteront-ils après ça ? Je serais curieuse de le savoir, tant il me semble que se renouveler après un spectacle d'une telle qualité tient de la démesure !
...

Tout en intériorité, le groupe Alifair de Metz est un duo voix-guitares, Aurore Reichert et Jean-Pascal Boffo, base à géométrie variable à laquelle s'ajoutent, en studio, percussions, batterie et contrebasse, ou des collaborations telles que la voix de Louis Ville pour une chanson. L'écriture, mais aussi et surtout la voix d'Aurore sont un envoûtement ; emportées par les arrangements de guitare très personnels de Boffo, les chansons s'égrènent et la grâce de cet univers pop aérienne, poétique, féérique, nous met un moment en état d'apesanteur, entre évasion et ressourcement intérieur. A découvrir.

Cath
4 2009

Photos 1 à 3 : Les Ogres de Barback à Ludres, 10 4 2009
Photo 4 : Alifair à Sarrebourg (Réding), au Lapin Blanc, 11 4 2009

lundi 13 avril 2009

Balade en avril

La douceur, la tendresse des paysages d'avril ...

Aucun spleen, il me semble, ne devrait y résister ...


Où va donc cet humain qui marche d'un pas décidé ?...

La preuve en couleurs












Cette fois, ça y est, le printemps est là, et bien là !
La preuve en images : une explosion de couleurs.

vendredi 10 avril 2009

Deux ans déjà

Deux ans déjà !

Je ne nous donnais pas tant. Lui et moi, c'était hésitant au début, incertain. J'en avais bien quelques échos, quelques approches, quelques notions... Mais rien de sûr. Qu'est-ce qu'on connaît de ce qu'on n'a pas vécu ? Est-ce qu'on saura se découvrir, s'apprivoiser, vivre ensemble ? On a bien réfléchi... Enfin, pas tant que ça, pas trop longtemps : on a suivi l'idée, l'envie, l'élan ! Et on a foncé, on s'est lancés.

Alors on a tâtonné, on s'est cherchés, trouvés, éloignés parfois... Et toujours retrouvés. Pour des moments magnifiques. D'autres plus sombres aussi, et le lot de moments ordinaires, quotidiens : comme la vie quoi.

Et finalement, bon an mal an, on a trouvé notre rythme : c'est-à-dire qu'il n'y en a pas vraiment. On reste libres, lui et moi. C'est quand on veut, si on veut, comme on veut.

Mais on s'est attachés, liés, pris au jeu. De mot en regard, d'échange en partage, de coup de coeur en coup de gueule, au fil des jours et des mois, on aime à se surprendre, à s'étonner... C'est peut-être ce qui nous fidélise, ce qui nous émeut encore et toujours...
Grains de sel et moi. Bon anniversaire, mon blog !

Cath
9 4 2009